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PREMIER AMOUR

tout autre. Je fus surtout frappé de ce changement un soir que, par un temps doux et chaud, j’étais assis sur un petit banc bas sous le feuillage d’un sureau. J’aimais cet endroit : de là on voyait la fenêtre de la chambre de Zinaïda. Au-dessus de ma tête, dans le feuillage assombri, s’agitait un petit oiseau ; un chat gris, le dos allongé, se faufilait prudemment dans le jardin, et les premiers scarabées bourdonnaient pesamment dans l’air encore transparent, quoique déjà moins clair. Toujours assis, je regardais la fenêtre et j’attendais en me demandant si elle s’ouvrirait. En effet, elle s’ouvrit et Zinaïda apparut. Elle était vêtue d’une robe blanche et elle-même, son visage, ses bras, ses mains étaient pâles, jusqu’à la blancheur. Longtemps elle resta immobile et longtemps son regard, fixé droit devant elle, resta immobile sous ses sourcils froncés. Je ne lui avais même jamais vu un