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PREMIER AMOUR

à cheval toute la matinée et elle est pâle ! »

Je redoublai le pas et je rentrai à la maison justement pour le dîner.

Mon père avait déjà changé de toilette, et lavé, frais, se trouvait auprès du fauteuil de ma mère, et, de sa voix sonore et égale, lisait le feuilleton du Journal des Débats. Mais maman l’écoutait sans attention. En m’apercevant, elle me demanda où j’avais été toute la journée et ajouta qu’elle n’aimait pas qu’on traînât Dieu sait où et Dieu sait avec qui.

« Mais je me suis promené seul ! » étais-je sur le point de répondre, quand, regardant mon père, je me tus sans savoir pourquoi.