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PREMIER AMOUR

coup je fus détourné de mes pensées par la vue d’un grand pic bigarré qui s’était posé sur un arbre et regardait à travers les branches avec inquiétude à droite et à gauche, comme un musicien derrière sa contrebasse.

Puis je commençai à chanter : « Les neiges si blanches » et je terminai par une romance à la mode : « Je t’attends, quand le zéphyr se lèvera. » Je déclamai ensuite à haute voix la tirade de Yermak aux étoiles dans la tragédie de Khomiakov ; enfin j’essayai de faire moi-même une poésie, quelque chose de mélancolique. J’avais trouvé ce qui terminerait chaque quatrain : « Ô Zinaïda ! Zinaïda ! » mais je ne trouvais pas le reste.

Cependant l’heure du dîner approchait ; je descendis dans la prairie ; là, un sentier étroit se déroulait en serpentant et ramenait vers la ville ; je pris ce chemin. J’entendis le bruit sourd d’une cavalcade qui s’avançait derrière