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PREMIER AMOUR

— Allons ! levez-vous, espiègle, écervelé ! Pourquoi vous roulez-vous dans la poussière ?

Je me levai.

— Donnez-moi mon ombrelle ; voyez où je l’ai jetée, et puis ne me regardez pas de cette façon-là ? Qu’est-ce que c’est que ces bêtises ? Vous ne vous êtes pas fait mal ? Vous ne vous êtes pas piqué dans les orties ? On vous dit de ne pas regarder comme ça. Mais il ne comprend rien ! il ne répond rien, dit-elle comme à elle-même… — Allez à la maison, monsieur Valdemar, brossez-vous et ne vous permettez pas de me suivre ; autrement je me fâcherai, et alors jamais plus…

Elle n’acheva pas la phrase ; elle s’éloigna rapidement ; et moi, je m’assis sur la route ; mes pieds ne me supportaient pas. Les piqûres d’orties brûlaient mes mains, mon dos me faisait mal, ma tête tournait ; mais les sensations que je venais d’éprouver étaient si