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PREMIER AMOUR

— Vous ne comprenez pas, tant pis pour vous. Je considère comme mon devoir de vous ouvrir les yeux. Nous autres, vieux célibataires, nous pouvons nous aventurer ici : qu’en peut-il résulter ?… Nous sommes bronzés ; rien n’a plus de prise sur nous ; tandis que votre épiderme est encore sensible. L’air d’ici est malsain pour vous, vous pourrez gagner la contagion.

— Comment cela ?

— Mais tout simplement ! Vous sentez-vous sain d’esprit en ce moment ? Êtes-vous dans un état normal ? Ce que vous éprouvez, vous est-il nécessaire, bon ?

— Mais qu’est-ce que j’éprouve donc ? demandai-je, tout en convenant intérieurement que le docteur avait raison.

— Eh ! jeune homme, jeune homme ! continua-t-il comme si dans ces mots il renfermait pour moi quelque chose d’offensant, ce