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PREMIER AMOUR

se réunissait : et la tristesse, et la joie, et le pressentiment de l’avenir, et le désir, et la peur de la vie. Mais de tout cela, alors, je ne me rendais pas bien compte ; et je n’aurais rien pu définir de ce qui fermentait en moi ; ou bien, si à cet état de mon âme j’avais donné un nom, c’eût été celui de Zinaïda.

Quant à elle, elle jouait toujours avec moi comme un chat avec une souris : tantôt elle était coquette et je m’animais et je m’amollissais ; tantôt elle me repoussait, et je n’osais pas l’approcher, je n’osais pas la regarder.

Je me souviens que pendant plusieurs jours de suite, elle me témoigna une grande froideur. Je m’en sentis tout craintif et, quand, lâchement, j’entrais dans leur pavillon, je me tenais toujours auprès de la vieille princesse, bien qu’elle fût plus que jamais grogneuse et bruyante : ses procès marchaient