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PREMIER AMOUR

tivement en souriant aussi, et en agitant sa tête.

— Quel plaisir avez-vous à recevoir M. Malevsky ? demandai-je un jour à Zinaïda.

— Il a de si belles petites moustaches, répondit-elle. Ce n’est pas de votre ressort.

Une autre fois, elle me dit :

— Peut-être pensez-vous que je l’aime ? Non, je ne puis pas aimer ceux que je suis obligée de regarder de haut en bas. Il me faut quelqu’un qui me brise moi-même. Mais, grâce à Dieu, ce quelqu’un-là, je ne le rencontrerai jamais. Je ne tomberai jamais dans les pattes de personne. Non ! non !

— Alors, vous n’aimerez jamais ?

— Et vous donc ! Est-ce que je ne vous aime pas ? dit-elle, et, du bout de son gant, elle me frappa légèrement sur le nez.

Oui, Zinaïda se jouait de moi.

Pendant trois semaines je la vis presque