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que nos hommes avancés, nos divulgateurs, ne valaient absolument rien, que nous nous occupions de sottises, telles que l’art pour l’art, la puissance créatrice qui s’ignore elle-même, le parlementarisme, la nécessité des avocats et mille autres sornettes, tandis qu’il faudrait penser à notre pain quotidien, tandis que la superstition la plus crasse nous étouffe, tandis que toutes nos sociétés par actions font banqueroute, et cela uniquement parce qu’il y a disette d’honnêtes gens, tandis que la liberté des serfs elle-même, dont s’occupe tant le gouvernement, ne produira peut-être rien de bon, parce que notre paysan est prêt à se voler lui-même pour aller boire des drogues empoisonnées dans les cabarets.

— Bien, reprit Paul, très-bien. Vous avez découvert tout cela et ne vous en êtes pas moins décidés à ne rien entreprendre de sérieux.

— Oui, nous y sommes décidés, répéta Bazarof d’un ton brusque.

Il se reprocha tout à coup d’en avoir tant dit devant ce gentilhomme.

— Et vous vous bornez à injurier ?

— Nous injurions au besoin.

— Et c’est là ce qu’on nomme nihilisme ?

— C’est ce que l’on nomme nihilisme, répéta Bazarof, mais cette fois d’un ton particulièrement provoquant.

Paul cligna un peu les yeux.

— À la bonne heure ! dit-il avec un calme forcé qui avait quelque chose d’étrange. Le nihilisme doit re-