cidât à accomplir sa résolution. Mais, une fois fixé à la campagne, il ne la quitta plus, même pendant les hivers que Kirsanof passa à Pétersbourg avec son fils. Il lisait beaucoup, surtout des livres anglais ; tout son genre de vie était disposé à l’anglaise ; il fréquentait peu les propriétaires du voisinage et ne s’absentait guère que pour assister aux élections, où il se taisait presque toujours, n’ouvrant la bouche que pour effrayer par ses boutades libérales et ses plaisanteries les propriétaires attachés à l’ancien régime, sans pour cela se rapprocher des représentants de la nouvelle génération. On l’accusait généralement de fierté ; mais on le respectait à cause de ses manières aristocratiques et de sa réputation d’homme à bonnes fortunes ; on le respectait parce que sa mise était recherchée et qu’il habitait toujours les plus belles chambres des meilleurs hôtels ; parce qu’il faisait ordinairement bonne chère, et qu’un jour il avait même dîné avec Wellington chez le duc d’Orléans ; parce qu’il ne se mettait jamais en route sans emporter avec lui un nécessaire d’argent et une baignoire de voyage ; parce qu’il se parfumait avec des odeurs particulières, fort « distinguées ; » parce qu’il jouait le whist en perfection et perdait toujours ; enfin, on le respectait aussi beaucoup à cause de sa parfaite honnêteté. Les dames du district le considéraient comme un mélancolique plein d’attrait, mais il ne leur accordait pas la moindre attention.
— Conviens, Eugène, dit Arcade en finissant son récit, que tu avais mal jugé mon oncle ? Je ne parle