Page:Tourgueniev - Pères et fils.djvu/44

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Il va probablement les disséquer, reprit Paul ; il ne croit pas aux principes et croit aux grenouilles.

Arcade jeta sur son oncle un regard de commisération, et Kirsanof haussa imperceptiblement les épaules. Paul lui-même comprit que son mot ne valait rien ; il se mit à parler économie rurale et raconta à ce propos que le nouvel intendant était venu se plaindre à lui, avec son éloquence accoutumée, de l’ouvrier Foka, dont il ne pouvait rien faire. « C’est un véritable Ésope, disait l’intendant ; il s’est fait partout protester comme un mauvais gars ; à peine est-il à l’ouvrage, qu’il fait des sottises, décampe, et on ne le revoit plus. »


VI


Bazarof reparut bientôt ; il prit place et se mit à boire du thé comme s’il eût voulu épuiser le samovar. Les deux frères le regardaient en silence, et Arcade les observait l’un et l’autre du coin de l’œil.

— Avez-vous été loin ? demanda enfin Kirsanof.

— Jusqu’à cette espèce de marais qui se trouve près de votre bois de trembles. J’y ai fait lever cinq ou six bécassines ; tu pourras les tuer, Arcade.

— Vous n’êtes donc pas chasseur ?

— Non.

— Vous vous occupez spécialement de physique ? demanda Paul.