— Où donc est ton nouvel ami ? demanda-t-il à Arcade.
— Il n’est pas à la maison ; il se lève ordinairement de grand matin et fait quelque excursion. Mais il ne faut pas s’occuper de lui ; il déteste les façons.
— Oui, on s’en aperçoit facilement.
Paul se mit à étaler lentement du beurre sur son pain.
— Compte-t-il rester longtemps ici ?
— Je ne sais. Il se propose d’aller voir son père.
— Où habite son père ?
— Il demeure dans notre gouvernement, à quatre-vingt verstes d’ici environ. Il y a une petite propriété. C’est un ancien chirurgien militaire.
— Ti… ti… ti… ti… Il me semblait bien que je connaissais ce nom là. Nicolas, te souviens-tu d’un docteur Bazarof qui était attaché à la division de notre père ?
— Je crois me le rappeler.
— J’en suis sûr ; le docteur est son père ? Hein ! fit Paul en remuant ses moustaches. Et qu’est-ce que M. Bazarof le fils, au fond ? ajouta-t-il avec lenteur.
— Ce qu’il est ?
Arcade sourit. — Voulez-vous, mon oncle, que je vous dise ce qu’il est au fond ?
— Fais-moi ce plaisir, mon cher neveu.
— C’est un nihiliste.
— Comment ? lui demanda son père. Quant à Paul,