— J’en ai peur, moi, des grenouilles, répondit Vaska, enfant de sept ans environ, aux cheveux blancs comme du lin, vêtu d’une casaque de gros drap gris avec un collet droit, et marchant les pieds nus.
— Pourquoi en aurait-on peur ? Est-ce qu’elles mordent ?
— Allons, mettez-vous à l’eau, philosophes, leur dit Bazarof.
À peine Bazarof fut-il sorti, que Kirsanof se réveilla à son tour, et, aussitôt levé, il entra chez Arcade, qu’il trouva tout habillé. Le père et le fils allèrent sur la terrasse que recouvrait une marquise ; un samovar allumé les attendait sur une table, entre de gros bosquets de seringat. La petite servante qui était venue la première à leur rencontre, la veille au soir, sous le péristyle, parut bientôt et dit d’une voix grêle :
« Fédossia Nikolaïevna est indisposée et ne peut pas venir ; elle vous fait demander s’il vous convient de servir le thé vous-même, ou s’il faut envoyer Douniacha ?
— Je le servirai moi-même, lui répondit précipitamment Kirsanof. Avec quoi prends-tu le thé, Arcade ? veux-tu de la crème ou du citron ?
— Je préfère la crème, dit Arcade ; et, après un moment de silence, il reprit d’un ton interrogateur : — Cher papa ?…
Kirsanof regarda son fils d’un air embarrassé :
— Eh bien, quoi ? lui demanda-t-il.
Arcade baissa les yeux.