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opales, et il la tendit à son neveu. Après lui avoir donné le « shake hands » européen, il le baisa trois fois à la russe, c’est-à-dire qu’il effleura trois fois sa joue de ses moustaches parfumées, en lui disant :

« Sois le bienvenu ! » Son frère le présenta à Bazarof ; il inclina à peine son buste élancé et sourit, mais ne tendit pas sa main et la replaça même dans la poche de son pantalon.

— Je commençais à croire que vous n’arriveriez pas aujourd’hui, dit-il d’une voix de tête d’un timbre agréable, en se dandinant d’un air gracieux, en haussant les épaules et en montrant ses belles dents blanches. Est-ce qu’il vous est arrivé quelque chose en route ?

— Il ne nous est rien arrivé, répondit Arcade ; nous ne nous sommes point hâtés ; voilà tout. Aussi avons-nous une faim de loups. Presse un peu Prokofitch, papa ; je vais revenir.

— Attends, je t’accompagnerai, s’écria Bazarof en se levant subitement du divan. Les deux jeunes gens s’éloignèrent.

— Qu’est-ce que cela ? demanda Paul Petrovitch.

— Un ami d’Arkacha, et un jeune homme fort intelligent, à ce qu’il m’a dit.

— Il va passer quelques temps ici ?

— Oui.

— Ce grand échevelé ?

— Oui, sans doute.

Paul tambourina légèrement de ses ongles sur la table.