de bien autre chose dans la vie. Maintenant, je crois que nous pourrions nous quitter. Depuis que je suis ici, je me sens tout écœuré, absolument comme si je m’étais gorgé des lettres de Gogol à la femme du gouverneur de Kalouga. Je n’ai pas fait dételer les chevaux.
— Quelle idée ! c’est impossible !
— Et pourquoi ?
— Je ne parle pas de moi ; mais je suis sûr que madame Odintsof le trouverait souverainement malhonnête, car elle désirera très-certainement te voir.
— Quant à cela, je pense que tu es dans l’erreur.
— Je suis certain, au contraire, que j’ai raison, répondit Arcade. Pourquoi feindre ? Puisque nous sommes sur ce chapitre, est-ce que tu n’es pas venu ici pour elle ?
— Peut-être ; mais tu n’en es pas moins dans l’erreur.
Arcade avait pourtant raison. Madame Odintsof désira voir Bazarof, et le lui fit dire par le maître d’hôtel. Bazarof changea de costume pour se présenter devant elle ; son habit neuf se trouvant emballé de façon à ce qu’on pût le prendre sans rien déranger.
Madame Odintsof ne reçut point Bazarof dans la chambre où il lui avait si inopinément déclaré son amour, mais dans le salon. Elle lui tendit d’un air affectueux le bout de ses doigts, mais sa figure exprimait une contrainte involontaire.
— Anna Serghéïevna, se hâta de dire Bazarof, avant tout, je dois vous tranquilliser. Vous voyez un mortel