du tarantass. Kirsanof traversa, suivi de son fils et de Bazarof, une salle obscure et peu garnie de meubles, au fond de laquelle apparut pour un instant la figure d’une jeune femme ; puis il introduisit ses hôtes dans un salon assez bien décoré.
— Nous voici enfin chez nous, dit Kirsanof en ôtant sa casquette et en secouant ses cheveux. Avant tout, il faut souper et nous reposer.
— Un morceau n’est pas de refus, répondit Bazarof en s’étirant ; et il se jeta sur un canapé.
— Oui, oui, donnez-nous vite à souper, reprit Kirsanof ; et il se mit à frapper des pieds sans trop savoir pourquoi. — Voici justement Prokofitch.
Un homme d’une soixantaine d’années, maigre, aux cheveux blancs et au teint basané, entra dans la chambre ; il portait un habit marron avec des boutons de cuivre, et une cravate rose. Ayant baisé la main d’Arcade, il salua Bazarof, et alla se placer près de la porte les mains derrière le dos.
— Le voilà, Prokofitch, lui dit Nicolas Petrovitch. Il nous est enfin revenu… Eh bien ! comment le trouves-tu ?
— Dans le meilleur état possible, répondit le vieillard en souriant de nouveau : mais il reprit presque aussitôt son air sérieux et fronça ses épais sourcils. Faut-il couvrir la table ? demanda-t-il d’un air important.
— Oui, oui, je t’en prie. Mais Eugène Vassilitch ne serait peut-être pas fâché de passer dans sa chambre ?