dans la chambre de son frère, et en ressortait de même. Le blessé s’assoupissait, par moments, poussait de petits gémissements, disait à son frère : « Couchez-vous, » et demandait à boire. Kirsanof obligea une fois Fenitchka à lui présenter un verre de limonade ; Paul la regarda fixement et avala le verre de limonade sans en laisser une goutte. La fièvre augmenta avec le jour, et le blessé délira un peu. Il prononça d’abord des paroles incohérentes, puis il ouvrit tout à coup les yeux, et, apercevant son frère qui se tenait penché sur lui auprès du lit et le regardait d’un air inquiet, il lui dit :
— N’est-ce pas, Nicolas, que Fenitchka a quelque chose de Nelly ?
— De quelle Nelly me parles-tu, Paul ?
— Comment peux-tu me le demander ? La princesse R… ! Surtout dans le haut de la figure. C’est de la même famille…
Kirsanof ne répondit rien et s’étonna de la persistance des sentiments dans le cœur humain. Voilà comme cela est quand cela remonte à la surface, se dit-il.
— Ah ! combien j’aime cette créature… si nulle ! s’écria Paul d’une voix dolente, et en passant ses bras derrière sa tête. — Je ne souffrirai jamais qu’un insolent se permette de toucher… murmura-t-il peu d’instants après.
Kirsanof se borna à soupirer ; il ne soupçonnait guère à qui s’adressaient ces paroles.
Le lendemain Bazarof se rendit auprès de lui vers