— Oui, mais je viens de le vendre, et il sera mis en coupe avant la fin de l’année.
— Pourquoi l’as-tu vendu ?
— J’avais besoin d’argent ; d’ailleurs toutes ces terres là appartiendront bientôt aux paysans.
— Qui ne te payent pas leur redevance ?
— Cela les regarde ; ensuite il faudra bien qu’ils finissent par payer.
— Je regrette ce bois, dit Arcade ; et il jeta les yeux autour de lui.
Le pays qu’ils traversaient n’était pas précisément pittoresque. Une vaste plaine cultivée s’étendait jusqu’à l’horizon, et le sol ne s’élevait un peu que pour s’infléchir bientôt après ; quelques petits bois paraissaient à de rares intervalles, et des ravins tapissés de buissons bas et clairs-semés serpentaient un peu plus loin, rappelant assez fidèlement les dessins qui les représentent sur les vieux plans datant du règne de l’impératrice Catherine. On rencontrait aussi de temps en temps de petites rivières aux rives dépouillées, des étangs retenus par de mauvaises digues, de pauvres villages dont les maisons peu élevées étaient surmontées de toits de chaume noirs et à moitié dégarnis, de chétives granges à battre le blé, aux murs formés de branches entrelacées, avec des portes énormes bâillant sur des aires vides ; des églises, les unes en briques recouvertes d’une couche de plâtre qui commençait à se détacher, les autres en bois surmontées de croix mal affermies et entourées de cimetières mal tenus. Arcade