— Allons ! ne mens pas, reprit Bazarof ; ce village n’est pas du tout sur ton chemin.
Timoféïtch se détourna un peu d’un air embarrassé sans répondre.
— Mon père se porte-t-il bien ?
— Dieu soit loué ! il va bien.
— Et ma mère ?
— Arina Vlassievna aussi. Dieu soit loué !
— Ils m’attendent ? n’est-ce pas ?
Le vieillard pencha sa petite tête de côté.
— Ah ! Eugène Vassilitch, comment ne vous attendraient-ils pas ? croyez-moi, le cœur saigne à regarder vos parents…
— Allons ! c’est bien ! c’est bien ! pas de descriptions. Dis-leur que j’arriverai bientôt.
— Je n’y manquerai pas, répondit Timoféïtch avec un soupir. Sorti de la maison, il enfonça sa casquette avec les deux mains sur ses oreilles, monta sur un pauvre droschki de course[1] qu’il avait laissé à la porte, et partit au petit trot, mais non point dans la direction de la ville.
Le soir du même jour madame Odintsof était assise dans le salon avec Bazarof, tandis qu’Arcade se promenait de long en large en écoutant Katia qui jouait du piano. La princesse était remontée ; elle ne pouvait souffrir les visiteurs et particulièrement ces va-nu-pieds de fraîche date, comme elle les nommait. Tant
- ↑ Voiture à quatre roues, très-légère.