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« Arkacha ! Arkacha ! » s’écria Kirsanof ; et il se mit à courir en levant les mains. Quelques instants après, ses lèvres étaient collées sur la joue imberbe, hâlée et poudreuse du jeune candidat.


II


— Laisse-moi me secouer, papa, disait Arcade d’une voix un peu enrouée par la fatigue, mais sonore et jeune, tout en répondant joyeusement aux caresses paternelles ; je vais te couvrir de poussière.

— Ce n’est rien, ce n’est rien, disait Kirsanof avec un sourire d’attendrissement, en essayant d’épousseter le collet du manteau de son fils et son propre paletot. Montre-toi donc, montre-toi donc, ajouta-t-il en se reculant un peu ; et il se dirigea presque aussitôt à pas précipités du côté de l’auberge en criant : Allons ! ici, ici, et des chevaux, au plus vite !

Kirsanof paraissait beaucoup plus ému que son fils ; il semblait à la fois troublé et un peu intimidé. Arcade l’arrêta.

— Permets-moi, lui dit-il, de te présenter mon ami Bazarof, dont je t’ai si souvent parlé dans mes lettres. Il a eu l’amabilité de consentir à passer quelque temps avec nous à la campagne.

Kirsanof se retourna immédiatement, et s’avança vers un jeune homme qui venait de descendre du tarantass, enveloppé dans un long caban orné de brande-