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D’UN SEIGNEUR RUSSE. 69

Le lendemain, moi et Ermolaî’, dès le point du jour, nous parlîmes pour la chasse ; j’en fis autant le sur lendemain. Le septième jour j’entrai en passant chez Radîlof et ne trouvai à la maison ni lui ni Olga ; et peu de temps après, je’sus qu’il avait disparu à l’improviste dans la nuit même de ma présentation chez lui, qu’il avait abandonné sa mère et, qu’il était parti incognito avec sa belle-sœur. Toute la province fut en peu de jours saisie de la nouvelle, et moi, le plus proche voisin, je l’ignorais encore, qu’il devenait déjà tant soitpeu de mauvais goût d’en raconter ou d’en écouter les détails. Dès que j’eus enün connaissance de l’événement, je m’expliquai l’expression qu’avait la figure de la jeune ülle pendant le récit de ce qu’avait éprouvé Badîlof à la vue du corps de la défunte. Les traits d’Olga, en effet, ne peignaient pas seulement le chagrin et la pitié, ils étaient aussi enflammés de jalousie. ’ V

Avant de quitter ma terre, je crus devoir faire une visite à la mère de Radîlof. Je la trouvai dans le salon ; elle jouait au dourac’avec Fédor Mikhéitch.

Avez-vous, madame, quelques nouvelles de votre fils ? •• finis-je par lui dire.

L5 vieille dame se mit à pleurer ; je n’insistai pas. VI.

L’odnodvoretz°. Grande, petite noblesse et bourgeoisie en Russie. Représentez-vous un homme de haute stature, gros sans être obèse, âgé de soixante-dix ans, portant un visage dont I. Nous voulons indiquer une fois en passant que dans l’énumération des personnes, en russe, on se nomme toujours le premier, tut-ce un illustre prince qu’on dût nommer après soi, et fût-on soi-même un simple paysan.

2. A la bête, jeu de cartes russe.

3. Quoique le mot odnovoretz, au pluriel odnovortsi, signiûe en