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fort jolie ; mais l’air de résolution calme de son visage, son large front blanc et lisse, sa chevelure très-fournie, eten particulier ses yeux bruns, petits mais spirituels, clairs et’ vifs, auraient frappé tout autre homme comme ils me frappèrent. Elle suivait pour ainsi dire chaque mot de Radîlof ; ce n’était pas de l’attention, mais un intérêt passionné qui se reflétait sur ses traits. Radîlof, par son Age, aurait pui être son père ; il lui disait toi ; mais je devinai tout d’abord qu’elle n’était pas sa ülle : dans le cours de l’entretien, fit mention de feu’son épouse « qui était sa sœur, • ajoutat-il en montrant Olga. Celle-ci rougit rapidement et baissa les yeux. Radîlof se fut et changea de discours. La vieille dame, durant tout le repas, ne prononça pas un monosyllabe ne mqngea presque rien et ne me üt les honneurs d’aucun mets. Ses traits semblaient laisser lire un sentiment d’attente craintive et sans espoir, un de ces chagrins de vieillards qui serrent le cœur de l’observateur désintéressé. A la ün du dîner, Fédor Mikhéitch se disposait à célébrer les généreux hôtes et leur honorable’convive, mais Radilo me regarda et le pria de se taire. Le vieillard passa sa main sur ses lèvres onctueuses, cligna des yeux, s’inclina et se’ rassit, mais cette fois sur un angle de sa chaise. Après le dîner, Radîlof et moi nous passàmes dans ce qu’on appelait le cabinet. · -..
Chez les hommes énergiquement occupés d’une pensée ou d’une passion, on remarque un symptôme qui leur est com-i mun, une certaine identité de manières et d’allures qu’on re- ; trouve chez eux, quelque différence qu’il y ait d’ailleurs entre} leurs qualités, leurs talents, leur position dans le monde et leur éducation. Plus j’observais Radîlof, plus il m’était démontré que toute son âme gravitait autour d’une idée persistante. Il parlait, —il est vrai, économie, récoltes, foins, guerres, cancans de province, prochaines élections du dis-A trict, et il en parlait naturellement, et même avec une certaine chaleur ; mais tout à coup il laissait échapper un gros soupir, et tombait dans son fauteuil comme un homme épuisé par un rude labeur, et passait à plusieurs reprises sa main sur son visage. Son cœur, que rien ne m’empêche de croire bon i
