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j quelques reproches ; il exprime humblement sa contrition par un œil langoureux et une lente oscillation de la queue, j mais il ne prend pas les devants. Je me mis pourtant en chasse un de ces jours-là ; une fois parti, longtemps je j résistai à la tentation ide, me coucher quelque part a l’ombre, ne fût-ce que pour un quart d’heure ; longtemps mon infatigable chien continua de fouiller les buissons, bien que lui-même, évidemment, ..n’attendit plus rien de sa ûévreuse activité ;, la ehaleun devenait si étouffante que je dus aviser à la conservation. de ce qui nousnestait de force et devertu. Je ne songeai plus qu’à gagner le bord de l’Ista ; je dévalai de la berge, et, parvenu à un ruban de sable jaune à la fois ferme et moite, je c lie minai sur, cette plage abritée, qui. variait de largeur d’une à cinq coudées, jusqu’à une source bien connue dans tout le district sous le nom de l’Eau de ’ Framboise. Cette source jaillit d’une gerçure de la berge, y que son jet continu a fouillée à li endroit de la chute, de y manière à former un étroit et profond chenal qui se Prolonge sur une étendue zdevingt pas jusqu’à la rivière, où elle ne tombe pas sans former une bruyante petite cascade ; quelques E bouquets vivaces de jeunes chênes viennent encore ajouter au pittoresque du ravin, et autour de la source verdoie une j herbe courte et moelleuse qui rappelle, ici la peluche, là le velours. Les rayons du soleil ne frappent que par échappées l’onde froide, fugitive, cristalline ; je gravis le versant, 4 je gagnai une petite plate-forme inclinée à souhait ; sur y l’herbe, je trouvai une sébile de bouleau laissée là par quelque paysan philanthrope. Je me désaitérai, m’étendis I sur le doux gazon, et de là mon regard explora le site. ’ Près de la baie formée à sa chute par le rapide courant que je dominais couché comme une agreste divinité fluviale, et qui pullulait de menu poisson frétillant, deux vieillards, que je n’avais pu remarquer en passant à dix pas d’eux tout à l’l1eure, étaient assis le dos tourné au ravin. L’un, assez gros 1 et de haute taille, était vêtu d’un bon cafetan vert foncé et coilïé d’une casquette de drap rembourrée de duvet ; il était pourvu d’une ligne ; l’autre, affublé d’un débris de surtout j