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— Jivo, jivo, jivo, jivo, jivo ! » répéta Nédopeouskine avec toute la rapidité de l’évolution que décrivait son ami, dont la fougue déteignait jusque sur son talent de danseur steppien.

Ce ne fut qu’à une heure fort avancée de la nuit que je partis de Bezçonovo.

Je regrette, et vous aussi peut-être, cher lecteur, de quitter ainsi Marie la Bohémienne. Pour motif de consolation, je déclare qu’on la retrouvera, si jamais j’ai la fantaisie de faire comme tout le monde en ce temps-ci, c’est-à-dire d’écrire un roman. Mais, auparavant, j’aurai soin de m’assurer si réellement on écrit encore, et si on lit des romans dans le monde.




XXII.


La forêt et la steppe.


Épilogue.


Il est bien possible que le lecteur soit fatigué de mon journal de chasses. Occupé de cette idée, je me hâte de le tranquilliser, en lui promettant de m’en tenir sagement là de la publication de ces feuilles légères. Mais qu’il me soit permis seulement de lui laisser pour adieux quelques mots sur la chasse.

La chasse au fusil et au chien d’arrêt est un exercice bon par lui-même, für sich, comme on disait autrefois ; mais à supposer même que le ciel ne vous ait pas créé chasseur, vous n’en êtes pas moins ami de la nature ; d’où je tire la conclusion que vous nous portez envie, à nous autres chasseurs. Mais entendons-nous.

Connaissez-vous le bonheur de sortir au printemps avant l’aurore, si ce n’est à pied, eh bien à cheval, ou encore en voiture ?…