— Est-ce que je suis donc si mal, si mal ? demanda le meunier surpris.
— Oui, Vacili Dmitrytch, bien mal ; si vous étiez venu une couple de jours plus tôt, peut-être que je vous aurais enlevé cela avec la main ; maintenant il y a inflammation, et Dieu veuille que la gangrène ne s’ensuive pas.
— Impossible ! Capiton Timoféytch.
— C’est comme je vous le dis.
— Mais comment… comment ! et je dois mourir pour si peu ?…
— Je ne dis pas que vous mourrez ; je dis que vous devez ne plus bouger d’ici. »
Le paysan réfléchit, se gratta le front, regarda le plancher, puis nous, puis son bonnet, puis il se couvrit et se leva.
« Où allez-vous donc, Vacili Dmitrytch ?
— Où je vais ? Eh ! sans doute à la maison, puisque je suis si mal. Il faut bien, avant de mourir, faire quelques dispositions.
— Vous vous perdez, Vacili Dmitrytch ; sachez que je m’étonne beaucoup que vous ayez pu arriver jusqu’ici. Restez donc.
— Non, frère, non, Capiton Timoféitch ; s’il faut mourir eh bien, que ce soit chez moi ; si je meurs ici, Dieu sait ce qui se passera dans ma maison.
— On ne peut pas savoir, Vacili Dmitrytch, comment le mal tournera… sans doute, c’est dangereux, et même très-dangereux… c’est justement pour cela que vous devriez rester ici.
— Non, dit le meunier en branlant la tête, non, Capiton Timoféytch, je ne resterai pas… mais prescrivez-moi quelque chose à prendre.
— Les potions à elles seules n’y feront rien.
— Je vous dis que je m’en retourne là-bas décidément.
— Tu es le maître… malheureux, je tremble que tu ne te repentes trop tôt… »
Il arracha un feuillet du bel album, y écrivit une ordonnance, et ajouta de vive voix une foule de choses à faire. Le