222 V MÉMOIRES
piaffait, courait dans la boue jusqu’aux genoux..l’avançais avec peine dans cette foule ; je voulais faire, l’acqui—, sition d’un bou petit troîge’pour ma britchlsa ; celui que. j’avais était un peu à bout de forces. Je trouvai deux chevaux pareils qui me convinrent ; mais il me fut impossible de leur découvrir un camarade tant soit peu sortable. Après un dîner que jc ne me charge pas de vous décrire (me souvenant combien il en a coûté au pauvre Énée de rap-i peler à sa mémoire un passé douloureux), je me rendis à l’en-« droit que, dans la localité, on nomme intrépidement un café ; —c’est un lieu où chaque soir s’assemblent les commissaires aux remontes, les propriétaires ou régisseurs de haras et ; autres personnes de quelque importance. Dans la salle det billard, échautïée et obscurcie par les lourdes bouffées dela fumée de tabac, se trouvaient une vingtaine de personnes faisant galerie. Là étaient de jeunes nobles provinciaux en sur-4 tout à brandebourgs et en pantalons gris, aux petites moustaches huilées, regardant autour d’eux d’un regard fier etl hardi ; d’autres en casaquins ronflaient insupportablement Dans les angles, quatre marchands, serrés comme des ha—| rengs en caque, faisaient un groupe particulier ; des ol’li·¤ ciers causaient en toute liberté, mais entre eux. Les joueurs ! étaient le prince N. N. N., jeune homme de vingt ans, a lan physionomie ouverte, avec une pointe d’esprit dédaigneux, en surtout déboutonné, en chemise de soie rouge et en lar-i ges c}uu-ovm-s’de velours noir, et Victor Khlopakof, ex-I sous-lieutenant. ·
L’ex-officier Victor Khlopakof, homme petit, brun, mai-n grelet, âgé de quelque trente ans, crin noir, œil noir, nez ; épaté et de travers, fait profession de fréquenter les foires etl les élections des magistrats qui ne sont pas à la nomination ! des ministres de l’intérieur ou de la justice. Il sautille em marchant, arrondit ses bras comme les anses d’un pot, en’ repliant ses poignets sur ses hanches, porte son bonnetl sur l’oreille, et retourne les parements de l’emmanchure de I. Attelage de trois chevaux qui doivent être de taille, de robe ai d’âge assortis.
2. Pantalon boutïant.
