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D’UN SEIGNEUR RUSSE. ’2l3

vant et grand farceur : il vit à, sa guise, et, comme on dit, il aime ses aises ; en été comme en hiver, on le voiten robe de chambre rayée, - doublée de soie sur ouate. Il n’y. a qu’un point de commun entre lui et le général Khvalinski : il est, lui aussi, célibataire. Il est possesseur de· cinq cents âmes.=, Mardari Apollonytch s’occupe de son bien assez sommairement. Il a acheté, il y aidix ans, la Moscou, pour n’être pas trop en arrière du siècle, une machine à battre le blé ;· il l’a enfermée dans une remise et il n’on a plus été question. Parfois, un beau’jour d’été, il se fait atteler une béegovaiadrochke, et va visiter aux champs l’espoir de la moisson prochaine et.... cueillir des bluets.· Mardari Apollonytoh · vit comme au bon vieux temps, et l’architecture de sa-maison est à l ? avenant. Dès son antichambre on est saisi à la foispar les odeurs de kvass, de chandelles de suif et decuir detbottes ; l’un des coins est orné d’une pyramide de pipes et-de tout ce qui se rapporte à ce service. Dans la salle à mangerisont les portraits- de famille, des mouches, un grand pot de géranium et une épinettycriarde ; dans le salon se trouvent trois divans, trois tables, deux glaces et une. pendule à réveille matin, ’pourvue d’un vieux cadran émaillé et d’aiguilles en bronze sculpté ; le cabinet contient un bureau chargéde papiers, un paravent.} ; fond bleu orné d’estampes découpées provenant des livres du dernier siècle, deux armoires ; rentplies de bouquins, d’araignées et d’épaisses’couches d’une poussière rnoirâtre, et un fauteuil bien rebondi ; cette pièce est éclairée par une fenêtre vénitienne et par les quatre vitres d’une porte-fenêtre condamnée, qui donne sur le jardin", . Bref, rien n’y manque. =. ~.

Mardari Apollonytch tient à son service un grand nombre de gens, tous habillés, à l’ancienne manière, -de longe habits bleus à· hauts collets, de pantalons d’\I’l !€ couleur indéc1se’et descendant à peine à la cheville, de ·gilets jannàtres, et enfin de cravates consistant en. un·.: mouchoir de cou blanc mis en corde. Ces braves gens disent aux visiteurs père au lieu de monsieur ’. M. Stégounof 1. Bateouchka, au lieu de rmtd’r pour soûdar ; · ’ · 4