Page:Tourgueniev - Mémoires d’un seigneur russe.djvu/219

Cette page n’a pas encore été corrigée

D’UN SEIGNEUR RUSSE. 203

liardôns humides.... un son prolongé et sourd retentit.... L’arbre est à bas, » dit le Bireouk. Cependant le ciel connuait à s’éclaircir ; dans le bois on ne voyait guère a plus e trois pas. Nous sortîmes enfin du ravin. Attendez ici, ·>· me dit-à voix basse le forestier. Il se aissa, et en tenant son fusil en l’air, il disparut à travers xs broussailles. Je me mis à écouter avec une attention que mtrariait le bruit prolongé du vent, j’entendis assez près e moi de petits coups secs frappés contre les branches dont n dépouillait l’arbre tombé ; des roues crièrent, un cheval ébroua.... « Halte là, hé ! - cria tout à coup une voix de mnerre. Une autre voix, mais celleelà. bien lamentable, lsaya de répliquer ; les voix se mêlèrent : il y avait lutte pgagée :.« Tu radotes, vieux fou, tu radotes ! criait le Bisouk ; tu ne m’échapperas pas.  » Je me précipitai dans la irection du lieu, me heurtant àchaque pas, et ·j’arrivai avec eine au fût de l’arbre-abattu’ ; c’était contre cet-arbre que : leirestier avait- renversé le paysan ; il le tenait sous lui et le brrottait de sa ceinture, les bras croisés sur le dos. Cela tit, il se releva, et remit sur pied le voleur. C’était un pay-· in tout mouillé, tout en haillons, la barbe sale et désor-. ¤nnée..Un méchant cheval décharné, a demi-couvert d’unimbeau de natte, s¢ tenait là —tout près d’un train de roues. e forestier ne dit pas un mot ; le paysan se taisait aussi, tais il branlait la tête en soupirant. ·

Lâche-le, dis -je à l’oreille du forestier, je te payerai le rix de l’arbre. » Il n’y eut pas de réponse. ’. · Le Bireouk prit-de La main gauche la bride du cheval, mdis qu’il retenait de sadroite le voleur par la ceinture. · Allons, .en avant, corbeau ! dit rudement le forestier. — Et la cognée, lai cognée ! marmotta le paysan. ’ — En effet, dit Bireouk, il n’y a pas de raison pour per-. re la cognée ; ·v et il la ramasBa.·Nous partîmes. Je fermais marche. e. · ’

La pluie recemmença à tomber, et bientôt ce fut une ef-, royable giboulée. Nous eùmes une peine infinie à regagner L chaumière. Leliirêotxli lais salle cheval au milieu de la cour ont il avait refermé la barrière ; puis ·il attacha ses chiens, .