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202 · MEMOIRESsi

vous l’ordonnez, je vous accompagnerai jusqu’à la lisière du bois. », ·.

Je me levai. Le forestier prit son fusil et inspecta l’amorce..., ’.

Pourquoi votre fusil ? lui dis ; je..

—Iù·bas, du côté du ravin de Kobouyl, on coupe du bois, dit-il ··plutôt pour répondre à mon regard sévère qu’à ma question...

- Comme si tu pouvais entendre cela d’ici ! — De ma cour j’entends bien plus loin encore. » Nous sortîmes ensemble. La pluie avait cessé. Dans le lointain, on voyait encore se presser d’énormes nuages ; de’ temps en temps brillaient de longs éclairs, mais au-dessusde nous le ciel était d’un bleu sombre, et quelques étoiles s’entrevoyaient travers des nuages pluvieux qui fuyaient. Cependant les contours des arbres chargés de pluie et agités par le vent commençaient à se dessiner dans l’ombre. Nous nous mîmes a écouter. Le forestier ôta son bonnet et se pencha. « Voilà, voilà, dit-il en étendant le bras vers l’ouest ; voyez, je vous prie, quelle nuit ils ont choisie ! »> Je n’avais rien entendu que le bruit du feuillage des arbres. voisins. Eh bien, c’est bon, ajouta-t-il, en allant à mon cheval pour m’amener la drochka ; je, leur en ferai voir de rudes. — Laisse là mon cheval ; écoute, je voudrais aller avec toi au ravin, permets-moi de te suivre.

— Bon, répondit-il, en lâchant la bride du cheval ; nous empoignerons en un tour de main, et, au retour, je vous accompagnerai ; partons. ».

Nous partîmes ; il marchait rapidement, mais je le suivais de près. Je ne puis comprendre comment il pouvait se. diriger avec tant d’assurance ; il s’arrêtait à de certains moments, mais c’était pour mieux savoir le point juste où frappait la cognée. « Écoutez, écoutez, ah ! l’entendez- vousg enfin ? - Mais où donc ? ·· Le Bireouk baussaitles épaules. Nous descendîmes dans un ravin ; là, le vent me sembla s’être calmé, et j’entendis très-distinctement des coups mesurés. Le Bireouk me regarda, et branla la tête sans parler. ’ Nous continuâmes de marcher à travers des fougère set des