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D’UN SEIGNEUR RUSSE. 191

us, de servir comme chauffeur ? Oui, oui, pour un homme mme toi, c’est une besogne stupide.

— Eh bien ! quoi, Nicolai’Eréméitch, repartit Koupriaue ; es maintenant le chef du comptoir, c’est bien, il n’y a pas te disputer ce poste, sans doute ; mais toi aussi tu as été nur un temps en pleine disgrâce, toi aussi tu as habité une isérable hutte dé simple paysan. ’

—Ah ça ! dis donc, ne va pas trop loin dans cette ornière dit avec colère le gros Nicolaî ; voyez le rustre avec qui plaisante, et qui devrait remercier le monde de vouloir en adresser la parole a un fou tel que lui. =— Eh bien ! pardon, Nicolaï Eréméitch ; ce sont les mots ii ont amené tout cela. ·

— Les mots, imbécile, les motsl... »

La porte s’ouvrit, et il entra un Icazatcholü qui dit à mon ite : ’

Nicolaî Eréniéitch, madame vous demande. — Qui est la chez elle ? demanda-t-il au jeune garçon. — Akcinia Nikitichna et un marchand de Vénef. — Bien, j’y vais. Qà, vous autres, ajouta-t-il d’un accent irsuasif, retirez-vous tout de suite et faites-moi déguerpir rrtout notre nouveau chauffeur de poëtes ; c’est que, voyezus, Karl Karlytch, l’Allemand, peut passer ici d’avenre, et aller la faire des cancans. » ’

Mon hôte lissa ses cheveux, ’et toussa dans sa main qui ait ordinairement presque toute couverte par sa longue anche ; il boutonna exactement son ample surtout-cafetan, partit pour se rendre chez sa maîtresse, en posant ses pieds plat tout le long du chemin. La valetaille ne tarda pas à rtir à sa suite, en se faisant devancer par Koupriane, rincu mais non dompté. Il ne restait plus dans le comptoir · 18 ma bonne connaissance, le commis au surtout gris. Il rait fait semblant de tailler des plumes, mais le fait est 1’il s’était endormi. Quelques mouches profitèrent de l’oc-1. Dans les appartements, chez les riches, se tiennent près des xrtes de jolis petits garçons habillés à la cosaque. Ils sont toujours portée de recevoir des commissions et des ordres à transmettre aux itres domestiques.,

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