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—A qui en feras-tu accroire ? j’ai vu ta belle, l’an pas Moscou ; c’était quelque chose de propre ! —L’an passé ? c’est vrai qu’elle n’était pas belle l’ passé, mais auparavant....

— Ifaissez cela, messieurs, dit d’une voix méprisante homme de haute stature, maigre, orné de verrues, frisé pommadé, probablement M. le valet de chambre ; seule qu’il nous chante tout de suite sa chanson favorite, comme il faut, et nous le laisserons tranquille. Eh bi voyons, commencez, Koupriane Afanacytch. — Oui, oui, dirent les autres ; bravo, Alexandra, ’ imaginé, le brave Alexandra’ ! voyons, voyons, la chan Koupriane, la chanson ! va donc !

— L’endroit n’est pas convenable, répliqua avec fer Koupriane ; ici c’est le comptoir seigneurial. — De quoi te mêles-tu 2... Ah ! c’est que tu vises à nir commis, dit Constantin avec un gros rire compr’ c’est ça, c’est ça !

— Mais il me semble qu’ici tout dépend de madame, partit l’infortuné vaniteux.

— Ah ! voyez-vous, voyez-vous les visées du luron ! hue ! hue ! »

Et tous se prirent à rire ; en ce moment, j’eus l’idée de tir par la fenêtre pour n’en pas entendre davantage : m ’ me sembla que ce serait en usermal, et je me décidai à a le calice jusqu’à la lie dans ma retraite, où du reste je tais pas gêné. Dans le groupe des domestiques en belle meur, riait plus fort que les autres un jeune gars de que quinze.ans, probablement fils d’un des aristocrates valetaille ; il portait un gilet à boutons de cuivre, une cr pensée et un pantalon qui n’avait pas suivi le jeune dans sa croissance.

Ah ! Koupriane, dit d’un air tout goguenard mon évidemment égayé par cette idée de Koupriane d’être at au comptoir, conviens-en, allons, c’est assez fâcheux, n’es I. Il faut savoir qu’en Russie les gens de service donnent son avec un sentiment qu’ils trouvent délicat, la terminaison féminin ! nom de baptême de l’homme à qui ils veulent être agréables. L