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180 IIÉIOIRES

- Il y a d’abord Vacili Nikolaévitch, le premier caissier, et après lui les cinq commis, qui sont Peotre, Ivan, frère de Peotre, un autre Ivan, Koskenkin Narkizof et moi.... —Votre maîtresse aime donc à tenir pour son service, pour son état de maison, un grand nombre de gens ? - Eh non, on ne peut pas dire qu’il y en ait tant. — çà, voyons, combien ?

— Autour de cent cinquante, oui, à peu près. »· Nous gardàmes un moment le silence tous les deux. As-tu une jolie écriture, toi ? » repris-je. Le jeune gars sourit à se fendre la bouche jusqu’aux oreilles ; il me fit un signe de la tête, et rentra à son bureau pour m’en rapporter une feuille écrite de sa main. Voici ma main, jugez, » dit-il sans cesser de sourire à sa manière. ’

C’était un carré de papier grisâtre, sur lequel était tracé un ordre du jour en forme, d’une belle écriture d’expédition. En voici le texte :

Paimz (Ordonnance)

I Du principal comptoir de la maison seigneuriale d’Ananief au bourmistre Mikhaïlo Vicoulof. N° 209. Il t’est commandé de rechercher en toute diligence, à la réception du présent, qui, la nuit dernière, en état d’ivresse et en chantant des chansons inconvenantes, a traversé le jardin anglais, et a réveillé et incommodé la madame française Angenis ; de savoir qui était de faction au jardin, et de quoi étaient occupés les gardes, et comment il peut se passer de pareils désordres. Ordre t’est donné de faire à ce sujet l’enquête la plus détaillée, et.d’en déposer le rapport sans nul délai dans les bureaux.

Le premier commis, ·

Niconu Kvasror.

A cette pièce était apposé un cachet de trois pouœs de diamètre ; c’était le sceau du grand comptoir seigneurial d’Ananie/È Au-dessous du cachet, il était ajouté d’une main