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D’UN SEIGNEUR RUSSE. H3

it trouvés. Et il ne trafique pas seulement de terrains ; il t. commerce de chevaux, de bétail, de goudron et de résine, beurre et de chanvre et de cent autres articles ; il est bile, très-habile, et comme il est riche, l’animal ! Mais 1 la rage de battre, voyezivous ; c’est un chien, un chien ragé, ce n’est pas un homme ; je vous le répète, c’est une sc féroce.

— Pourquoi les paysans ne portent-ils pas plainte contre à leur vrai seigneur ? t

— Eh, monsieur, le seigneur touche son revenu ; on est act, il est satisfait. En cas de plainte, qu’est-œ qu’il fera T îira au plaignant : « Va-t’en, va-t’en, va, sinon il te.... bien, va donc, sauve-toi, ou tu seras arrangé, tu sais, ’ mme il a arrangé celui-ci et celui-là. » Ce propos me rappela Anthippe et son fils, et je dis très—Lèvement ce qu’en effet j’avais vu le matin.

Eh bien, à présent, dit Anpadiste, Sophron mangera vieillard, il lui sucera jusqu’à la moelle des os. Le staroste, son côté, ne lui parlera plus qu’à grands coups de poing. ! le pauvre homme. Et par quoi a commencé sa vie de trments ? Il y à cinq ou six ans, il a résisté à Sophron ur une bagatelle, devant d’autres, et il s’est dit entre eux lelques mots qui sont restés sur le cœur du bourmistre. n’en fallait pas davantage ; il a commencé tout d’abord par gêner, puis il l’a serré toujours de plus près, et à présent le ronge, ll sait sur qui il peut faire litière : il n’ira pas tttaquer aux vieillards riches d’ongles, de dents, d’a, rgent, fils et de neveux ; mais là il avait beau jeu. Vous savez fil a fait recrues, sans égard au tour de rôle, deux des fils Lnthippe, l’exécrable coquin qu’il est ! >· Nous nous mîmes à chasser. ·

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