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172 IÉKOIRES

canards, à les obliger de gagner l’autre rive de la m Les suppliants, après une stupeur de deux minutes, regardèrent l’un l’autre et prirent leur course vers endroit sans regarder derrière eux. ’ Deux heures après cette scène, j’étais à Reabof, et prenant pour compagnon un nommé Anpadiste, paysan je connaissais, je me promis d’être enfin tout au plaisir la chasse..Iusqu’au moment de mon départ, M. Péenotc ’ avait paru bouder Sophron ; je ne pouvais m’empêcher penser que le matin j’avais cédé fort mal à propos à l’in’ tation de rester et de voir. J’étais si fort occupé de malgré moi, qu’en cheminant avec Anpadiste je lui quelques mots au sujet de M. Péenotchkine et des pays de Ghipilovka, et lui demandai s’il connaissait le bo mistre de l’endroit.

Sophron Jacovlitch, quoi ! •

—Oui ; et quel homme est-ce ?

— Ce n’est pas un homme, c’est un chien, et un chien mauvais que d’ici à Koursk on ne trouverait pas son pare - Quoi, vraiment !

—Eh, monsieur, Chipilovka n’a que l’air d’apparte ’ à.... À bah ! n’importe ses patrons’.... À M. Péeno kine ; œ n’est pas ce monsieur-là qui possède : le vrai sesseur, c’est le seul Sophron. 1

— Tu crois’ ? n

—· Il a fait de Ghipilovka, pour sa vie entière, un domain a lui ; songez qu’il n’y a pas la un paysan qui ne soit endett jusqu’au cou à son égard, de sorte qu’il les tient tous dat ! sa main ; il les emploie comme il veut, les envoie où il veut ’fait d’eux ce qu’il lui plaît.... Ils sont ses souiî’re-douleurs —J’ai oui dire qu’ils sont à l’étroit, que le terrain lew manque.

— Est-ce que le terrain manque jamais dans nos districts ? Sophron loue aux Khlynof quatre-vingts arpents et à cem de notre endroit cent vingt autres : voilà deux œnts arpenu I. Le nom de baptême et celui du père sont employés ensemble toute les fois qu’on veut honorer la personne à qui l’on s’adresse ou de qui ’on parle : leur suppression dans le discours équivaut à xme injure. î