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156 HÉIOIRES

Six fois, dans le parcours d’une dizaine de verstes, il in jecta de la même manière l’essieu qui se calcinait, de so ’qu’il était déjà nuit tombante quand nous eùmes regagné maison. La pauvre chasse que j’ai faite ce jour-là ! X. r ’

Le Bourmistre. Serfs et intendants en Russie. A quelque vingt verstes de ma terre réside un ex-oiîic’ aux gardes, qui est un beau jeune gentilhomme de ma naissance ; son nom est Arcadi Pavlytch Péenotchkine. domaine a entre autres cet avantage sur le mien, qu’il fort giboyeux. La maison qu’habite mon ami Péenotchkine été Lconstruite sur les plans d’un architecte français ; ses ge sont, du premier au dernier, en livrées a l’anglaise ; donne des dîners excellents. Il reçoit de la manière la pl aimable.... et -avec tout cela, on ne va pas volontiers lui. C’est’un homme sage et positif ; il a été parfaite bien élevé, il a servi, il s’est poli au contact du plus gran monde, et aujourd’hui il s’occupe d’économie rurale avec succès signalé. Arcadi Pavlytch, selon ses propres dires est sévère, mais juste ; il veille de près au bien-être de ses v saux, et s’il les chàtie, c’est la meilleure preuve qu’il aime. « Ce sont des êtres avec qui il faut agir comme avecl enfants, dit-il en pareille occasion ; car ce sont en vérité grands enfants, mon cher, et il faut prendre cela en consid ration. » Quant à lui, quand il se trouve dans ce qu’il ap cette triste nécessité des rigueurs, il évite de faire au mouvement vif ou colère, et même d’élever la voix ; il éten simplement l’index, et dit froidement au coupable : « Je t’ vais prié, mon cher.... » Ou bien : « Qu’est-ce que tu donc, mon ami ? reviens à toi.... » Ses dents se serrent peu, sa bouche se contracte imperceptiblement, et c’ tout.