Page:Tourgueniev - Mémoires d’un seigneur russe.djvu/164

Cette page n’a pas encore été corrigée

i M8 HEIIOIRES

— — Je les donne, bârine, je les donne à de bonnes gens.

— Et qu’est-ce que tu fais encore ? C — Comment, ce que je fais ?

— De quoi t’occupes-tu ’ !

—· Eh mais, je ne m’occupe point ; je suis un très-mauvais travailleur. Comme je sais lire.... — Quoi ! tu sais lire ? ·

-·Oui, je sais un peu lire. Dieu m’a aidé en cela, et aussi un peu quelques braves gens m’ont aidé. — Tu as de la famille ? ·

— Non.

— Comment donc ? tous les tiens sont morts, hein Y — Non ; je ne sais, mais ma vie n’avait-pas été arrangée pour cela : je m’en rapporte à’ Dieu ; nous sommes tous à sa disposition, il nous mène quand nous ne prenions pas le soin de nous mener. Il ne faut à l’homme qu’être juste, c’est tout ; et quand il est juste, il est l’homme de Dieu, l’enfant de Dieu. — Tu as bien quelque parent, pourtant ? - Oui.... oui et non.... ’

D— Dis-moi, je te prie.... souviens-toi que j’ai entendu làbas mon cocher demander pourquoi tu n’as pas’guéri le charpentier Martyne.... Est-ce que tu sais des moyens de conserver la vie aux malades en danger de mourir ? — Ton cocher est un homme juste, diffiaciane tout rêveur, il a du bon, mais il n’est pas sans péchéï Il m’appelle le petit guérisseur.... Qui est-ce que je guéris ’ ?... et qui ale pouvoir de guérir ? C’est affaire à Dieu seul d’ôter ou de laisser. Mais il y a, oui, il y a des herbes, des fleurs qui soulagent. Le poivre d’eau est une herbe salutaire à lîhoinme, le plantain aussi est bon. On peut les recommander tous deux ; ce sont des simples du bon Dieu. Il y en a d’autres qui sont utiles aussi, mais rien que d’en parler c’est un ’péché..··Sî l’on s’en sert en priant.... Il est, c’est vrai, certaines paroles qu’il faut dire alors.... Et il ajouta en baissant la voix : Le salut est à ceux qui croient, pas à d’autres.

’ — Tu n’as donc rien donné à Martyno ? A &