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IM IEIOIBES

temps en temps s’inclinait solennellement et sans hâte ven la terre, sa vieille nourrice, comme pour l’embrasser en expirant, un géant chevelu qui s’était ri des assauts sécuv laires de plusieurs milliers d’insectes, et qui tombait sous la morsure d’un fer tranchant, emmanché par l’homme d’un fragment de bois que l’arbre avait peut-être fourni lui-même. Longtemps, on le voit, je n’avais trouvé aucun gibier ; enân, d’un large massif de chéneteaux nains envahis à la tige par les absinthes parasites, s’élança un râle de genêts. Jcti rai ; il tourna dans l’air et tomba. Kaciane, au moment del détonation, se couvrit les yeux de la main droite et ne bou pas pendant que je réarmais ma batterie et que je ramassai la pièce abattue. Dès que j’eus fait vingt pas en avant, il vi à l’endt’oit où l’oiseau était tombé, se pencha vers le gam tacheté de quelques gouttes de sang, branla la tête et me garda avec un sentiment d’etfroi... Puis. je l’entendismurm ’rer : ·· Un péché !... ah oui ! c’est là certainement un péché ! L’excès de la chaleur nous obligea à la fin d’entrer d le bois ; je me jetai sous un haut massif de coudriers, au dessus duquel un beau jeune érable étendait la protection ses légers rameaux ; Kaciane s’assit sur un tronc de boule abattu. Je me mis involontairement à le regarder. Les feuill étaient légèrement émues à la cime de la voûte qui nous co vrait, et leur ombre, d’un vert fuyant, glissait doucement avec un mouvement de va-et-vient sur le chétif individu ta bien que mal accoutré de son armiak noir, et sur son pc’ visage anguleux et tout contracté. Il ne relevait ni n’abaissa la tête, et son regard était fixe. Ennuyé de cet aspect mom je m’étendis sur le dos et me mis à observer le jeu ti feuilles livrées à elles- mêmes en l’absence du vent ; leur sition croisée et leur mouvement doux tranchent et se laisse bien apercevoir sur un fond uni de ciel serein. La mobili du feuillage n’est là que le travail même de la séve à plus haut point d’ascension.

C’est une charmante chose que de se tenir couché ainsi s lu mousse du bois et de faire face aux objets d’en hau Vous êtes libre de vous imaginer que vous voyez les abîm du grand Océan étendu sous vous sans la distraction du va’ L