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D’UN SEIGNEUR RUSSE. 139 j

Le nain se leva d’assez mauvaise grâce et sortit avec moi. lon cocher était singulièrement irritable ; il avait voulu breuver les chevaux ; le puits se trouva être presque à sec d’eau en était détestable. L’eau, disent les cochers, l’eau · st la première chose au monde. Cependant, à la vue du petit ieillard, il écarquilla les yeux, branla la tête et s’écria : Ah ! Kacianouchko, bonjour !

— Bonjour à Iérofée, bonjour à l’homme juste, » répondit lune voie dolente le nain Kaciane. · Je m’empressai de communiquer à l’homme juste la protuition du nain. Iérofée approuva et entra dans la cour sur Itre chariot. Pendant qu’avec un empressement mesuré il ételait les chevaux, le nain se tenait épaulé à la porte cochère regardait d’un air morose tantôt le cocher, tantôt moi. Il nit l’air d’un homme pris au dépourvu ; et, autant que l’on mvait lire dans ses yeux microscopiques, notre soudaine ruption chez lui ne lui était nullement agréable. Comment ! toi aussi, tu as été transplanté dans ce trou trdul lui dit Iérofée en rangeant l’arc de son timonier contre petit hangar..

— Tu vois. 4

— Ahi, ahi ! marmotte mon’cocher. Et tu sais.... le charltier Martyne’ !... çà, oui, tu connais le charpentier Marne de Reabof ?

— Oui.

— Eh bien, il est mort, nous avons tout à l’heure renconé son convoi. »

Kaciane frémit.

Mort ! murmura-t-il, et il-baissa latête. — Oui, il est mort. Pourquoi ne l’as-tu pas guéri, hein ! ir eniin tu peux guérir les gens ; tu es un guérisseur, toi, est-ce pas ? ··

Mon cocher évidemment raillait ; il s’égayait un peu sur le’ mpte du pauvre nain. — Et

c’est là ton chariot, hein ? reprit Iérofée en mon-. · ant du coude la méchante petite charrette. — Eh oui.

— C’est une télègue, c’est une télègue, ça ! dit Iérofée en 1