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D’UN SEIGNEUR RUSSE. 109

ir rameau de broussailles dont j’avais dû m’aider pour ter une descente trop rapide, que soudainement deux mds chiens blancs s’avancèrent contre moi avec des oiements furieux. De sonores voix d’enfants s’élevèrent tour des feux, et deux ou trois jeunes garçons furent en un iment sur le qui-vive.... Je· me hâtai de répondre à leurs s interrogatifs.... Ils accoururent de mon côté en rappelant urs chiens, qu’avait surtout animés l’apparition de ma ane..I’allai au-devant des enfants.

Je m’étais trompé en prenant de loin pour des marchands s jeunes garçons ; les paysans d’un village voisin avaient plusieurs de leurs enfants qui gardaient un taboun ’. Penint les ardeurs de la canicule, il est d’usage, dans nos conëes, de mener la nuit les chevaux paître à la prairie : les ons et les œstres ne leur donneraient pas de repos pendant jour. Pousser aux prés avant la nuit tout un taboun et le raener sain et sauf au point du jour est pour les petits villageois une partie de plaisir ; chevauchant tête nue sur les plus lis poulains, ils galopent en riant, ils crient, balancent pieds tbras, bondissent de joie, s’épanouissent de bonheur ; une nussière fine s’élève en colonne jaunâtre et les suit sur la pute ; loin, bien loin, on entend leur réjouissant galop ; les ievaux courent l’oreille dressée ; en avant de tous, file, la jueue au vent, on ne sait quel roussin ébouriffé, qui porte es grappes de bardane dans sa crinière inextricable. Après avoir informé les enfants que je m’étais égaré, je 1,3SSiS sur un gros caillou à côté d’eux. Ils me demandèrent e quel endroit j’étais, se turent et se mirent à l’écart. Notre conversation ne fut pas longue..I’allai m’étendre à six pas les feux, sous un buisson presque dépouillé, et me mis à egarder de là les objets environnants. Autour des feux frémissait et semblait expirer, en s’appuyant contre l’obscurité, in reflet rougeâtre arrondi à son sommet. Une petite flamme, jui s’élève de temps à autre, lance au delà de ce cercle de rapides lueurs ; un mince jet de lumière passe sur les raneaux dépouillés de l’osier sauvage et disparaît aussi vite 1. Grand troupeau de chevaux laissés libres sans bride ni entrave. Q"