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108 MEMOIRES I

aussi complètement déserts ; pas une lumière au loin, sonvent pas un son dans l’air. Une colline succédait à une aut puis des champs qui s’étendaient sans fin ; puis des buisso qui semblaient sortir de terre comme pour me cingler le sage.... Je commençais à songer que le seul parti a pren serait de chercher quelque arbre, quelque petit espace tapi de mousse, et de m’y accroupir pour attendre la fin de ce cruelle nuit. I

J’y songeais plus que jamais, quand tout àcoupje nie senj au-dessus d’un affreux précipice. Je retirai à temps le pi que j’avnis imprudemment avancé, et àqtravers une nuitq me sembla devenir un peu plus transparente, je découvri à force d’attention, les lointains d’une plaine immense. U large rivière ceignait cette plaine du superbe demi-cerc qu’elle formait à partir du point où je me trouvais ; eaux avaient l’éclat de l’acier poli, et cet éclat dessinait regard son cours, bien qu’obscur en certains endroits. tertre où je me tenais et dont les contours se détachaient bistre sur le’vide azuré de l’air, descendait presque à pici droit au-dessous de moi, dans l’angle même que for maient l’escarpement et la plaine, près de la rivière, qj était semblable à un sombre miroir immobile au pied cl versant ; à ma droite s’élevait la fumée de deux petits fe de bivouac voisins l’un de l’autre. Alentour étaient des sig houettes humaines, des ombres mouvantes ; par momen je distinguais même la chevelure bouclée d’une toute jeun ! tête.

p Enfin je ne devais plus me regarder comme égaré, î savais en quel lieu j’étais venu me perdre. La plaine qu j’entrevoyais était une prairie bien connue dans nos contréei sous le nom de Béejine l¢mgh’, · il fallait renoncer à l’idèl de regagner de nuit ma maison, d’autant plus que j’éproui vais une excessive lassitude. Je résolus d’approcher de : feux et d’attendre l’aurore dans le cercle de ces hommes, que je prenais pour des marchands en expédition. Je de valai sans mésaventure, mais j’eus à peine lâché le der-1. Le Pré des Coureurs (chevaux).