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D’UN. SEIGNEUR RUSSE. 97

’ — Eh non, en non ; c’est du temps de Serge Serghéitch que j’ai été fait cocher ; auparavant j’étais cuisinier ; seulement pas pour la ville, mais ici à la campagne. — Cuisinier, bon, mais cuisinier de qui Y ’— Eh ! de l’ancien maître, d’Athanase Nefédytch · qui j était oncle de Serge Serghéitch. Le vieux avait acheté Lgof, et voilà comment Sergheî Sergheîtch en est devenu maître ; c’est lui qui a hérité.

(— Le vieux Athanase avait acheté à qui ? L — Eh ! à Tatiana Vacilievnai · ’ ’r- Quelle Tatiana Vacilievna ? -Eh ! celle qui est morte fille à Bolkhof près de Karatchof, fille, voyez-vous ; elle n’a jamais été mariée. Est-ce que vous ne l’avez pas connue ? Elle nous tenait de son père Vacili Séménitch. Celle-là a été longtemps notre maîtresse... oh ! bien vingt ans.

-· N’étais-tu pas son cuisinier ? - Oui, d’abord ; mais elle n’a pas tardé à me faire son koüchénok. ··

- Son quoi y ’

— Son ko-ii-ché-nok.

- Quelle fonction est-ce là ?

- Eh ! je ne sais pas, moi, bârine. Seulement j’étais attaché à l’oi’tioe, et l’on devait me nommer Anntonn, et non plus Kouzma. Madame l’avait ordonné ainsi. — Ton vrai nom était KouzmaY ·

— Eh oui, Kouzma.

— Et tu as été dix-sept ou dix-huit ans kotichénok’ ? - Eh non ; j’ai été akhter (acteur). - Bah ! comment donc, akhter ?

- Je jouais sur le kéatre (théâtre). Notre dame avait fait faire un kéatre dans une grande chambre. - Quel y était ton emploi Y

’ — Plaît-il Y

— Qu’est-ce que tu faisais-la sur le théâtre Y — Eh, vous ne savez donc pas ! on me prenait et on m’habillait ; moi, je marchais comme ça avec ces habits, je m’arrêtais, je m’asseyais. On me disait : «· Parle, dis ça et ça ; 126 t 9