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dix Russes s’assemblent, immédiatement jaillit la question, vous avez pu aujourd’hui vous en convaincre, de la valeur et de l’avenir de la Russie, dont ils vont chercher l’origine jusque dans les œufs de Léda. Ils pressent, ils sucent, ils mâchent cette malheureuse question comme font les enfants de la gomme élastique… et avec le même résultat. Ils ne savent y toucher, bien entendu, sans tomber aussitôt sur la pourriture de l’Occident. Il nous bat sur tous les points, cet Occident, et il est pourri ! Et encore, si réellement nous le méprisions ; mais tout cela n’est que phrases et mensonges. Nous crions contre lui, et nous ne pouvons nous passer de son approbation… que dis-je ! de l’approbation des gandins de Paris. Je connais un excellent homme, père de famille, d’un certain âge, qui fut réellement au désespoir, parce que, se trouvant un jour dans un restaurant de Paris, il demanda une portion de bifteck aux pommes de terre, tandis qu’un vrai Français dit à côté de lui : Garçon ! bifteck pommes ! Mon ami faillit en mourir de honte, puis il criait partout : Bifteck pommes ! et enseignait aux autres cette manière de s’exprimer.

— Dites-moi, s’il vous plaît, demanda Litvinof, à quoi attribuez-vous l’incontestable influence de Goubaref sur tous ceux qui l’entourent ? Est-ce à ses talents ou à ses qualités ?

— Non, il n’en a pas ; pas plus des uns que des autres.

— C’est donc à son caractère ?