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Sanine pria le major Daenhoff de lui procurer cette adresse — et, ô joie ! son ancien adversaire la lui rapporta : M. Jeremiah Slocum, New-York, Broadway no 501.

Il est vrai qu’elle datait de 1863.

— Espérons, s’écria Daenhoff, que notre beauté de Francfort est encore de ce monde et qu’elle demeure toujours à New-York.

Puis, baissant la voix, il ajouta :

— À propos, et cette dame russe, vous savez qui je veux dire, qui était à Wiesbaden — madame von Bo… von Bozolov. — Elle vit toujours ?

— Non, répondit Sanine, il y a longtemps qu’elle est morte.

Daenhoff baissa les yeux, mais voyant que Sanine détournait la tête et se renfrognait, il ne dit plus rien et se retira.

Le jour même Sanine envoya une lettre à madame Gemma Slocum à New-York. Il lui dit qu’il lui écrivait de Francfort où il était venu à sa recherche ; qu’il comprenait parfaitement qu’il n’avait pas le droit d’espérer une réponse, car il ne méritait pas son pardon ; il