— Certainement. Elle est la fille d’un confiseur.
Marie Nicolaevna ouvrit les yeux tout grands et arqua ses sourcils.
— Mais c’est charmant ! dit-elle d’une voix posée ; c’est délicieux !… Et moi qui croyais qu’on ne peut plus trouver en ce monde des hommes comme vous… La fille d’un confiseur !
— Je vois que cela vous étonne ? dit Sanine, non sans dignité… mais, d’abord, je n’ai point de préjugés…
— D’abord cela ne m’étonne nullement, s’écria Marie Nicolaevna en l’interrompant — des préjugés, je n’en ai pas non plus… Je suis moi-même la fille d’un moujik !… Eh bien ! non, vous ne m’avez pas épatée ! Ce qui m’étonne et me réjouit, c’est de voir un homme qui n’a pas peur d’aimer… Vous l’aimez ?…
— Oui, madame.
— Elle est très belle ?
Cette dernière question agaça quelque peu Sanine, mais il n’y avait plus moyen de reculer.
— Vous comprenez vous-même, Maria Nicolaevna, dit-il, que tout homme trouve le visage