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moment de la partie où il devint dourak (imbécile), alors elle lui dit :

— Maintenant, petite crêpe, c’est assez !

À ce mot de petite crêpe Sanine la regarda tout étonné et elle lui sourit gaîment, répondant au regard du jeune homme en le regardant en face, et creusant toutes les fossettes de ses joues.

— Assez, dit-elle de nouveau à son mari. Je vois que tu as envie de dormir, baise la main et va dormir, et moi je resterai avec M. Sanine pour causer un peu…

— Je n’ai pas sommeil répondit Polosov en se levant lourdement de son fauteuil, mais j’irai quand même me coucher et je baiserai la main…

Elle lui tendit la main sans cesser de sourire et de regarder Sanine.

Polosov regarda aussi son ami et partit sans prendre congé.

— Maintenant racontez-moi votre histoire, dit vivement Maria Nicolaevna en posant ses deux coudes nus sur la table, et en tapotant avec impatience ses ongles l’un contre l’autre. — On m’a dit que vous allez vous marier ? Est-ce vrai ?