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chambre et viens me rejoindre dans trois quarts d’heure… Nous dînerons ensemble…

Polosov s’éloigna, et Sanine demanda une chambre parmi les plus modestes. Quand il eut rajusté sa toilette et se fut un peu reposé, il entra dans le vaste appartement occupé par « Son Altesse le prince Polosov. »

Il trouva « Son Altesse » assis dans un fauteuil de velours écarlate au milieu d’un salon resplendissant.

Le flegmatique ami de Sanine avait trouvé le temps de prendre un bain et de se revêtir d’une très riche robe de chambre de satin ; sa tête était ornée d’un fez couleur de fraise.

Sanine s’approcha de lui et le contempla quelque temps.

Polosov restait assis, immobile, comme une idole dans sa niche ; il ne tourna pas la tête du côté de Sanine, ne remua pas les paupières, ne proféra pas un son.

C’était un spectacle vraiment majestueux.

Après l’avoir admiré quelques instants, Sanine se disposait à parler pour rompre ce silence auguste, lorsque tout à coup la porte de la chambre voisine s’ouvrit, et sur le seuil