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celui qui ne les connaît pas, on ne saurait les faire deviner.

La porte s’entr’ouvrit et laissa passer la tête d’Emilio :

— J’apporte une réponse… dit-il à voix basse… La voici…

Il agita une lettre au-dessus de sa tête.

Sanine s’élança de son canapé et arracha la lettre des mains d’Emilio.

La passion dominait entièrement le jeune homme. Il n’était plus capable de songer aux convenances, ni de garder le secret de son amour… S’il avait été susceptible de réflexion, il se serait contenu devant cet enfant, le frère de Gemma.

Il s’approcha de la fenêtre, et à la lumière du réverbère qui se trouvait en face de la fenêtre, il lut les lignes suivantes :

« Je vous prie, je vous implore de ne pas venir chez nous demain, et de ne pas vous montrer chez nous de toute la journée. Il le faut, il le faut absolument. — Après, tout sera décidé… Je sais que vous ne me désobéirez pas, parce que… Gemma. »

Sanine relut deux fois ce billet. Oh ! que l’é-