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— Ah ! dit Volinzoff, eh bien, allons.

Et ils se dirigèrent tous vers la maison.

— Comment se porte votre sœur ? demanda Roudine à Volinzoff d’une voix particulièrement caressante. La veille déjà il avait été fort aimable pour lui.

— Je vous remercie infiniment ; elle va bien. Peut-être viendra-t-elle aujourd’hui. Il me semble que vous causiez lorsque je suis arrivé.

— Oui, je causais avec Natalie Alexiewna ; elle m’a dit une parole qui m’a fortement impressionné.

Volinzoff ne demanda pas quelle était cette parole, et ce fut au milieu du plus profond silence que l’on se dirigea vers la demeure de Daria Michaëlowna.

Il y eut encore salon avant le dîner ; mais Pigassoff ne vint pas, Roudine n’était pas en train, et suppliait toujours Pandalewski de jouer quelque chose de Beethoven. Volinzoff se taisait en regardant le plancher. Natalie ne bougeait d’auprès de sa mère et demeurait pensive, occupée de son ouvrage. Bassistoff ne quittait pas Roudine des yeux et s’attendait toujours à quelque chose de spirituel de sa part. Trois heures s’écoulèrent ainsi d’une façon monotone. Alexandra Pawlowna n’était pas venue dîner. Dès qu’on se fut levé de table Volinzoff fit atteler sa voiture et disparut sans prendre congé de personne.

Volinzoff aimait depuis longtemps Natalie, mais sans avoir jamais osé lui déclarer sa passion, et cet état anxieux le faisait cruellement souffrir. Il ne pou-