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prie. J’ai entendu dire que vous connaissiez Monsieur, continua-t-elle en montrant Roudine.

Lejnieff jeta un regard à ce dernier et sourit d’un air tant soit peu singulier.

— Je connais M. Roudine, dit-il en s’inclinant légèrement.

— Nous avons été à l’université ensemble, observa Roudine à demi-voix et en baissant les yeux.

— Nous nous sommes rencontrés plus tard, dit froidement Lejnieff.

Daria Michaëlowna les regarda tous les deux avec quelque étonnement et pria Lejnieff de s’asseoir.

— Vous avez désiré me voir au sujet de l’arpentage ? lui dit-il.

— Oui, au sujet de l’arpentage, et aussi pour le plaisir de vous voir. Nous sommes proches voisins et presque parents.

— Je vous suis très-reconnaissant, répondit Lejnieff. Pour ce qui regarde l’arpentage, nous avons complétement terminé l’affaire avec votre intendant ; je consens à tout ce qu’il propose.

— Je le savais.

— Mais il m’a dit que nous ne pourrions pas signer les actes avant que j’eusse une entrevue personnelle avec vous.

— Oui ; c’est dans mes habitudes. À propos, permettez-moi de vous demander s’il est vrai que tous vos paysans soient à la redevance.

— C’est vrai.