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homme de haute taille, gris et chauve. Il portait un habit noir, une cravate blanche et un gilet blanc.

— Qu’est-ce que tu veux ? demanda Daria Michaëlowna ; puis se retournant légèrement vers Roudine, elle ajouta à demi-voix : N’est-ce pas qu’il ressemble à Canning ?

— Michaël Michaëlowitch Lejnieff est arrivé, dit le maître d’hôtel : faut-il le recevoir ?

— Ah ! mon Dieu ! s’écria Daria Michaëlowna ; comme il est prompt à l’appel ! Faites-le entrer.

Le maître d’hôtel sortit.

— Voici enfin cet original qui est venu, et encore mal à propos, dit Daria. Il interrompt notre conversation.

Roudine allait se retirer, mais Daria Michaëlowna le retint.

— Où allez-vous ? Nous pouvons nous expliquer en votre présence, et je désire que vous le définissiez comme vous avez défini Pigassoff. Ce que vous dites est comme gravé avec un burin. Restez.

Roudine voulut dire quelque chose, mais il réfléchit et resta.

Michaël Michaëlowitch, que le lecteur connaît déjà, venait d’entrer dans le boudoir. Il portait le même paletot gris, et tenait la même vieille casquette dans ses mains hâlées. Il salua tranquillement Daria Michaëlowna, et s’approcha de la table à thé.

— Vous avez enfin daigné venir chez moi, monsieur Lejnieff, dit Daria Michaëlowna. Asseyez-vous, je vous