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mais c’est ma mort que ces digressions, ces points de vue, ces conclusions ! Tout cela est basé sur ce qu’on appelle les convictions. Chacun parle de ses convictions, exige encore qu’on les respecte, qu’on les colporte. Ah ! ah !

Et Pigassoff agita son poing en l’air. Pandalewski se mit à rire.

— Fort bien ! dit Roudine. — D’après vous, il n’y aurait pas de convictions ?

— Non, il n’en existe pas.

— Telle est votre conviction ?

— Oui.

— Comment dites-vous donc qu’il n’y en a pas ? Voilà, pour ne pas aller plus loin, que vous en exprimez une.

Tout le monde se mit à sourire et à échanger des regards.

— Permettez, cependant, répliqua Pigassoff…

Mais Daria Michaëlowna frappa des mains et s’écria : — Bravo, bravo ! Pigassoff est battu, bien battu ! Et elle prit doucement le chapeau des mains de Roudine.

— Daignez attendre encore avant de vous réjouir, madame ; un peu de patience ! s’écria Pigassoff avec dépit. Il ne suffit pas de dire des bons mots avec un ton de supériorité : il faut prouver, réfuter… Nous nous sommes éloignés du sujet de la discussion.

— Permettez à votre tour, observa Roudine avec sang-froid ; la chose est toute simple. Vous ne croyez